Faire avec le temps en animation

Un article de Marion Cremona, membre de l'Université du Nous.

L’animation d’un cercle est un élément clé en gouvernance partagée. Rôle pilote d’un groupe, d’une organisation, il est souvent contraint par le temps octroyé pour penser ses séquences d’animation et piloter le déroulé global des réunions.


L'animation est un rôle-clé


Cette contrainte peut venir de l’extérieur (pression de la clientèle, d’un autre cercle ...) comme de l’intérieur du cercle réunit (personnes peu disponibles, animateurice stressée…). Elle est souvent oppressante pour le groupe comme pour le rôle Animation, pouvant générer des tensions fonctionnelles et relationnelles au sein du collectif.

Pour se pérenniser, prendre soin des besoins des JE et du NOUS, la gouvernance partagée, selon l’Université du Nous, se doit d’être agile, vivante, profondément organique afin de nous permettre de sortir du « prévoir et contrôler » pour passer au « ressentir et ajuster ». C’est un autre regard sur le monde et sur le temps qui s’offre à nous. 

Dans ce cadre, le rôle Animation (ou Facilitation) est un rôle-clé : c’est en premier lieu à lui de se mettre en confiance, lâcher prise, remettre en question son rapport au temps pour « jouer avec, plutôt que contre ». De par cette « détente », un nouveau champ d’horizon s’ouvre à lui où le temps peut devenir alors une positive contrainte créative.


Composer avec le moment présent

Soutenu par le rôle Secrétaire, il structure son animation en fonction des besoins réels, et dans le moment présent, des individus et de l’organisation. Son pilotage évolue de façon dynamique pour rester au tempo du groupe, permettre l’intelligence collective sans s’épuiser, les prises de décisions quand c’est le bon moment… Ainsi, l’animateurice aide le groupe à alterner accélération et ralentissement, à reporter des processus/décisions quand cela est nécessaire, à séquencer les réunions selon les objectifs et la disponibilité intérieure et matérielle des membres, à prendre soin tant que possible pour prévenir les risques (de fatigue, désengagement, tensions relationnelles…).

Repenser le rythme, c’est une opportunité d’adopter l’itération, tester encore et encore pour accéder non pas à l’idéal mais à quelque chose de mieux. Plutôt que contrainte, progressivement, le temps devient richesse, nouvelles voies, soutien...

Méthodologie d’animation avec le temps

Concrètement, dans un cercle, les membres sont invité·es à discuter du fond d’un sujet . Leur focale c’est le contenu, là où le rôle Animation est le gardien du cadre, du processus, et de la dynamique du groupe. Sa focale est le contenant, cette membrane invisible qui entoure le groupe. 

En position “méta”, c’est à dire d’observateurice qui voit où le cercle en est sur son chemin, l’animateurice adapte ce qui doit l’être, estimant chaque évolution et timing en fonction de son analyse et/ou intuition sur la situation vécue.. 

Pour commencer, il peut proposer de faire un temps de silence, un exercice sensoriel, une météo : temps essentiels pour le groupe et l’animateurice qui prend alors le pouls des JE, leur capacité de présence à la réunion, leur énergie disponible. Ces espaces dits a priori “non productifs” présentent pourtant un intérêt majeur  pour le groupe : prendre du temps maintenant pour en gagner plus tard ou tout au moins ne pas en perdre. En effet, démarrer une réunion sans s’accorder un temps de connexion peut avoir comme conséquence un manque de fluidité dans les relations et donc freiner les échanges pour traiter d’un sujet ou décider d’une action. N’a-t-on pas toustes vécu ces situations où il faut prendre le temps de ‘réparer’ une action parce qu’on n’avait pas assez pris le temps de se relier et de se comprendre avant d’agir.


Il ne s’agit bien sûr que d’un exemple. Vous en trouverez d’autres dans la vidéo suivante.

 

Jouer avec le temps, c’est accepter de plonger dans la tension et l’attention qu’il produit sur nous et de mettre en œuvre cet adage qui nous est cher à l’Université du Nous : le chemin autant que le résultat !


Écriture : Marion Cremona, membre de l'Université du Nous.

Facilitation graphique : Anne-Laure Prévost.
Relecture : Gabrielle Mirbeau.

 

L'impact UdN, résultats du questionnaire